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   2006 / 2010

L’imagier


Certains mots paient un lourd tribut à l’utilité.

Ils sont incontournables dans leur usage et l’enfant a tôt fait d’en maîtriser le sens. La chaise dans l’imagier ne hantera pas longtemps ses rêves. Le bol ne retiendra guère plus d’une fois son attention.

Et s’ils ne peuvent prétendre à une orthographe singulière, alors ils sont voués à s’effacer, perdus dans les pages d’un dictionnaire où fourmillent des mots plus captivants. Ils y deviennent inutiles en raison de leur utilité.

Sans doute ému par la solitude des choses, Joël Gangloff propose un éloge inutile des choses utiles. Les objets sont exposés nus, dépouillés de leurs mythes, de leurs marques, de leurs accessoires.

Un fauteuil, un seau, un bidon, une échelle. Un arbre, un citron, un entonnoir rouge.

C’est un imagier des choses ordinaires, mais un imagier pour les adultes.

Car le seau est parfois renversé, le vernis de la chaise craquelé, le tissu du fauteuil délavé, la maison décatie.


Et cet adulte, le possesseur de l’objet, figure fantomatique et désorientée qui fait quelques rares apparitions dans la peinture de Joël Gangloff, lui aussi se décrépit.

Il faut le comprendre!
Lui qui pensait être utile, il découvre son inutilité.

Il est usé, désabusé ; il entre dans l’imagier.


Benjamin Royannez
La peinture de Joël Gangloff
Le 15 février 2009

La plupart de mes sculptures sont un projet après peinture, une envie de compléter le travail en trois dimensions.

Le plomb, que j'utilise le plus souvent, m'intéresse, sa pesanteur, son oxydation, bloc sorti de la terre, matière d'un autre temps.

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